Marche-t-on sur la tête ?

Troubles anxieux, isolement social, décrochage scolaire : la jeunesse traverse une crise sans précédent. Le rôle des écrans, la diminution de l’activité physique et l’hyperconnexion aux réseaux sociaux sont souvent pointés du doigt comme des facteurs aggravants. Comment aider les jeunes à trouver un équilibre entre numérique et réalité, et leur offrir un environnement plus propice au bien-être mental ? La sensibilisation dès l’école et la promotion d’activités sportives et sociales peuvent-elles faire la différence ?

L’intelligence artificielle et les nouvelles technologies révolutionnent la prise en charge de la santé mentale : thérapies en ligne, chatbots psychologiques… Ces outils promettent un accès facilité à l’aide psychologique, notamment pour ceux qui n’osent pas consulter. Mais ces innovations sont-elles réellement efficaces ? Peuvent-elles remplacer l’humain dans l’accompagnement psychologique ou doivent-elles être perçues comme des compléments aux soins traditionnels ? Le risque d’une dépendance accrue aux écrans et d’une déshumanisation de la prise en charge est également à questionner.

La vocation de soignant est-elle en train de devenir un parcours du combattant ? Épuisement professionnel, stress chronique, burn-out… La crise du Covid-19 a agi comme un révélateur des souffrances des soignants et étudiants en santé. Pourtant, prendre soin des autres commence par prendre soin de soi : quelles initiatives pour améliorer leur bien-être et leur permettre d’exercer durablement ? Entre dispositifs de soutien psychologique, nouvelles organisations du travail et valorisation des métiers du soin, quelles pistes explorer pour éviter l’hémorragie des vocations ? 

La recherche en santé mentale peine à se développer. Elle est victime d’un sous-financement chronique (3% du budget de recherche est alloué à la santé mentale contre par exemple 16% aux US ou 10% en Finlande) d’un manque de chercheurs et des défis de formation. Pourtant, les progrès en neuro-imagerie, les psychothérapies assistées par la technologie et l’intelligence artificielle ouvrent des perspectives inédites. Comment accélérer l’innovation pour rendre les soins plus efficaces et accessibles ? Entre thérapies numériques, stimulation cérébrale et personnalisation des traitements, ces avancées peuvent-elles révolutionner la psychiatrie de demain ?

Derrière l’image du champion résilient se cache une réalité plus contrastée : stress de la compétition, pression médiatique, blessures et isolement. Si les coachs mentaux et psychologues du sport sont de plus en plus sollicités pour aider les athlètes à gérer ces défis, la question demeure : la santé mentale des sportifs est-elle suffisamment prise en compte ? La médiatisation des troubles de grands champions (comme Simone Biles ou Naomi Osaka) a permis d’ouvrir le débat, mais les solutions proposées sont-elles à la hauteur des attentes ? 

Neuropsychiatre et psychanalyste.

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre, éthologue et écrivain. Chef de service à Toulon dès 1971, il a exercé des fonctions d’enseignement à Marseille, Toulon et à l’université de Mons. Auteur de 22 ouvrages de psychologie traduits dans le monde entier et directeur de 18 livres professionnels en co-auteur, il a reçu le Prix Renaudot essai (2008), le Prix des Droits de l’Homme (2012) et le Prix du livre étranger à Rome. Très engagé, il a mené des missions pour l’UNICEF, participé à 11 commissions gouvernementales sur la psychiatrie, et a été élevé au rang de commandeur de la Légion d’honneur en 2020.

Directrice de la communication et des opérations de l’Alliance pour la santé mentale.

Consacrée à la promotion de la recherche en psychiatrie, Anne Perette-Ficaja a exercé tout au long de son parcours diverses responsabilités en matière de communication sciences & santé au sein d’organisations publiques et privées. Animée par le lien entre sciences de la vie et humanités, elle a régulièrement modéré des débats et signé de nombreux articles visant à partager l’actualité des questions de santé en France et à améliorer leur appropriation par la société. Anne Perette-Ficaja est major de sa promotion de journalisme et communication scientifiques ; elle est également diplômée de la Sorbonne en Lettres Modernes.

Responsable du Centre Expert Bipolaire de l’APHM, chercheur à l’Institut de Neurosciences de La Timone (Aix-Marseille université), membre de l’Alliance FondaMental

Praticien hospitalier, le Dr Antoine Lefrère dirige le Centre expert bipolaire de Marseille. Chercheur affilié à l’Institut de Neurosciences de la Timone (Aix-Marseille Université), il conjugue pratique clinique et recherche de pointe.
À l’échelle nationale, il assure la coordination des centres experts bipolaires dans le cadre du programme de recherche PEPR Propsy, inscrit dans l’initiative France 2030.

Membre du Collège de la Haute Autorité de Santé (HAS), présidente de la commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) et du comité  santé mentale et psychiatrie

Juriste de formation, spécialisée en Droit de la santé. Elle a été directrice générale adjointe de l’association Aides puis directrice du développement à la Ligue Nationale Contre le Cancer. Elle est connue, en particulier, pour avoir initié et organisé les États Généraux des malades atteints de cancer, qui ont donné lieu à la publication de l’ouvrage “les malades prennent la parole” (Ramsay 1999).
Entre 2006 et 2015, Claire Compagnon a développé une activité de conseil en Politiques de santé au service des institutions publiques et privées. En 2013, elle a été chargée par Marisol Touraine ministre des Affaires sociales et de la santé d’une mission sur le développement de la démocratie sanitaire dans le système de santé. Son rapport « Pour un An II de la démocratie sanitaire a été rendu public en 2014et plusieurs de ces recommandations figurent dans la loi de modernisation du système de santé. En 2015, elle a été nommée Inspectrice générale des Affaires sociales à l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas). Claire Compagnon a été, d’avril 2018 à mai 2023, Déléguée interministérielle à la stratégie nationale autisme et troubles du neurodéveloppement. Depuis le 1er juin 2023, elle est membre du Collège de la Haute Autorité de Santé (HAS). Et à ce titre, elle préside la Commission Recommandations, Pertinence, Parcours et indicateurs et le Comité Santé mentale et psychiatrie de la HAS.